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Désordres à l’Université de Lausanne

Félicien MonnierEditorial
La Nation n° 2249 22 mars 2024

La Cour des comptes vient de pointer une longue liste de dysfonctionnements à l’UNIL1. Dans l’économie privée, ils seraient lourds de conséquences économiques, voire judiciaires.

Trop souvent, les achats de matériel sont validés après avoir été faits, sur présentation de la facture; c’est-à-dire sans planification. Son système de comptabilité ne prévoit aucun amortissement des biens mobiliers, dont il n’existe d’ailleurs pas d’inventaire. S’ensuit logiquement une course à la dépense, personne n’ayant de vue d’ensemble du matériel.

Dans son rapport de synthèse, la Cour des comptes précise: «Le suivi du budget et des dépenses est particulièrement laborieux.» Elle manie bien l’euphémisme. Concernant l’argent public, un tel chaos financier constitue en fait un véritable scandale.

La désorganisation des ressources humaines l’aggrave: les dossiers du personnel ne sont pas complets, le service juridique n’est pas écouté, les compétences réelles de certains cadres ne correspondent pas à leur cahier des charges. A suivre la Cour des comptes: «Les dossiers de recrutement ne plaident pas pour les choix opérés.»

L’opacité règne à Dorigny. Cela n’empêche pas son bureau de l’égalité de distiller des bonnes pratiques pour des «recrutements égalitaires». Elles tiennent autant du manuel d’interrogatoire testant la sensibilité du candidat aux problématiques EDI (égalité, diversité, inclusion) que du tutoriel de recherches sous avalanche du «genre sous-représenté»2.

Mais il n’y a pas que ce rapport: la Direction semble avoir également perdu le contrôle de ses enseignants, à tout le moins de certains. Après avoir appelé le Département de la formation à boycotter les cortèges des Abbayes vaudoises non mixtes, la députée-chercheuse Oriane Sarrasin se vante sur les réseaux sociaux de boycotter les universités israéliennes. La climatologue Julia Steinberger, entre deux blocages de route, y a abruptement comparé Israël aux nazis3.

Quoi qu’on en pense sur le fond, ces propos engagent la réputation de l’Université, aussitôt transformée en plateforme militante unidirectionnelle par des chercheurs et enseignants abusant de leur statut pour diffuser leur vision du monde.

Il existe bien une directive pour encadrer la parole des enseignants. Mais comment la Direction peut-elle sanctionner de manière crédible ces éruptions de militantisme professoral, lorsqu’elle-même entre dans l’arène politique et rémunère le temps consacré aux actions internes lors de la grève féministe, organise par des envois électroniques le soutien à la Marche Bleue pour le climat ou distribue des tampons hygiéniques dans les toilettes des hommes?

Un désordre institutionnel prolonge ces dérives idéologiques et financières. Des organes aux fonctions mal définies poussent comme des champignons. Tirée au sort, l’Assemblée de la transition sert de police de la pensée écologique. Nourrie d’ingénierie sociale, elle veut imposer d’ici à 2025 de «former le 100% de la communauté UNIL à la durabilité». Récemment, la Direction s’est adjoint les services d’un «advisory board», sans aucune légitimité mais prétendument composé de «personnalités inspirantes».

Pendant ce temps-là, l’UNIL a édicté dans tous les domaines 109 directives internes, dont la Cour des comptes a décrit l’incohérence générale.

Ayant fini par se prendre pour une collectivité territoriale indépendante du Canton, l’UNIL est devenue un laboratoire idéologique à ciel ouvert. Elle ne cesse de donner des leçons, mais patauge à gérer son argent et son personnel. Sa Direction semble surtout oublier les missions fondamentales d’une université: l’enseignement et la recherche. Cette attitude occulte les travaux méticuleux et dévoués de la majorité silencieuse qui compose son corps professoral.

Notes:

1      Rapport n° 83 de la Cour des comptes: Performance des processus achat et recrutement des cadres à l’Université de Lausanne.

2     https://www.unil.ch/egalite/home/menuinst/egalite-femmes-hommes/recrutement-egalitaire.html

3     Après avoir retiré son tweet, Mme Steinberger s’est fendue à l’heure où nous mettons sous presse d’une chronique dans 24 heures du 18 mars 2024, mettant son propos en perspective. Pour elle, le devoir de mémoire de la Shoah n’interdirait pas, voire imposerait, de dénoncer l’attitude d’Israël à Gaza, décrite comme génocidaire.

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