Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Responsabilité de la presse régionale

Félicien MonnierEditorial
La Nation n° 2280 30 mai 2025

24 heures est depuis une génération le seul titre d’informations prétendant s’adresser à l’ensemble du Canton.

La situation n’est guère meilleure en Suisse romande, et chaque Canton se retrouve avec un unique quotidien: Le Nouvelliste en Valais, ArcInfo – né de la fusion de L’Express et de L’Impartial – à Neuchâtel, La Liberté à Fribourg, le Quotidien jurassien dans le Canton éponyme, le disputant sous doute un peu au Journal du Jura, implanté côté bernois.

Le Temps développe une perspective lémanico-romande. Le Courrier se concentre sur Genève et sur les lieux que lui désignera son militantisme d’extrême-gauche. L’Agefi, traitant principalement de politique fédérale et d’actualité économique, est malheureusement devenu bihebdomadaire.

Les derniers-nés Blick en français et Watson sont uniquement présents sur internet. Seuls les intéressent les gros sujets de politique cantonale, à même d’attirer l’internaute sur les réseaux. Mais la politique vaudoise ne s’arrête pas à l’irruption de militants propalestiniens durant un discours de M. Borloz.

Les récentes difficultés de 24 heures, la réorganisation qui s’est ensuivie, ont révélé la fragilité de cet équilibre. Sa proximité grandissante avec la Tribune de Genève fait craindre une fusion de fait. Malgré les critiques qu’on peut lui adresser – et ces colonnes n’y ont jamais manqué – sa disparition serait un drame pour le Canton. Dans 24 heures, le Giron du Nord confirme son ampleur cantonale, comme les projets du Musée des Ormonts. Sans même évoquer le rôle social de la «page froide».

24 heures est surtout la seule publication vaudoise à couvrir régulièrement, chaque jour, la politique vaudoise ou les sujets de politique communale les plus importants. Bien que cette rubrique, moins dotée que par le passé, semble avoir tenu dans les dernières turbulences, le confinement de la politique vaudoise dans les mains d’une poignée de journalistes porte immanquablement atteinte à la diversité de sa couverture.

Mais notre paysage médiatique ne se limite pas à 24 heures. La variété de la presse régionale est encore impressionnante. Le groupement d’éditeurs «Vaud Presse» réunit 14 titres pour un total de 54'000 abonnés, sans compter leurs régulières éditions tous-ménages. Leur énumération s’impose: La Broye, l’Echo du Gros-de-Vaud, le Journal de Sainte-Croix, le Journal de Vallorbe, L’Omnibus, La Région-Nord vaudois, le Journal d’Ouchy, Lausanne Cités, le Courrier Lavaux-Oron-Jorat, le Journal de Cossonay, le Journal de Morges, La Côte, Riviera-Chablais, et enfin la Feuille d’Avis de la Vallée de Joux.

Institutionnellement, ces journaux se focalisent sur l’actualité des communes composant leur bassin. Ils s’intéressent aux résultats sportifs des équipes locales et relatent les initiatives culturelles du lieu. Ils annoncent les rois du tir et les nouveaux syndics. La politique cantonale les intéresse éventuellement lorsqu’elle concerne leur région ou leurs députés, voire lors des veilles de votations. Ils n’ont pas vraiment de couleur politique.

Les craintes récurrentes de restructuration qui planent sur 24 heures, mais surtout la croissance continue de la population vaudoise, leur donnent une nouvelle responsabilité. Sans compter que toutes les familles ne peuvent se permettre un abonnement à plusieurs titres. Comme les journaux cantonaux traitent de politique fédérale, il appartient aux journaux régionaux d’augmenter, tout en la systématisant, leur couverture de la politique vaudoise.

Diverses formes sont imaginables. On pense à l’envoi régulier d’un journaliste, pigiste ou correspondant selon les moyens, au Château ou au Parlement, ou encore au développement de partenariats avec les titres voisins, voire avec 24 heures ou La Liberté, dans la Broye. Cela semble déjà se faire pour le Journal de Morges. M. Jotterand, son rédacteur en chef, dirige également le bureau local de la Feuille.

La production d’un journal – nous le savons depuis 1931 – demande un effort constant de discipline et de curiosité. Par son existence, il contribue à structurer une région. Il participe au maintien et à la transmission d’une réalité communautaire. Support de la liberté d’expression, il permet, moyennant d’accepter la controverse, la rencontre consciente entre un peuple et les vérités qu’il recèle.

Cet article est disponible en version audio (podcast) au moyen du lecteur ci-dessous:

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*



 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: